FRAFMENTS d' ESPACE INHABITABLE : poésie XII (fin)
VIII
Le beau pays !
Dans l'oasis de mon amour, lavé de tout, planter un arbre encore !
Je ne chanterai plus que la conque de ton oreille, la musicale, la voyageuse !
Et le frelon de l'été tisserand à mes tempes, écharpe de rumeur qui colore le ciel !
Seul me retient l'iris, ce troisième cercle d'or à la racine étincelante de nos nuits!
IX
Groseilles de la haine, blessure écarlate des roses !
Dans l'améthyste et le grenat, la jacynthe et le mimosa, je contemple l'exacte juridiction terrestre. Le mérite, le juste, est à qui décline sans faillir les douze occurrences du temps.
Quatre pôles, trois règnes - douze apôtres de ma théophanie païenne !
Quand la printemps rase les fleurs de son écharpe de brise, je calcule mes chances. Elles sont égales à la course du soleil.
La nuit n'aura pas le dernier mot.
X
Dans le présent que tu creuses
Comme une faille dans le roc
Sème la vie, la bienheureuse
Faite de bric et de broc
Laisse filer les nébuleuses
Et tiens ferme le soc
Cet entre-deux où tu hésites
Ce pas qui tremble sur le seuil
Suffisent à fonder le site.
XI
A la source retourne, rêveur docile !
Dans le lit rocailleux du torrent
Roulent les cailloux innocents.
"Laissez venir à moi les mots
Ces beaux, ces délicieux joyaux !"
XII
Dans le feu de ta nuit calcinée
Tu recueillis l'étoile adolescente
Nul n'avait plus désir de toi
Et de l'aube à la nuit souffrante
Tu errais par la lande ravinée
Les loups te firent cortège de roi.
Nulle espérance ne t'empiège
Nul défi, nul remords, ni rancoeur.
Où donc vas-tu, marcheur sans foi ?
"J'arpente mes halliers ténébreux
Le clair-obscur dicte à mon coeur
De recenser tout ce qui gît
Au fil de l'herbe poussiéreuse
Comme un hasard miraculeux".
XIII
Dans le néant de l'Etre me voici
Seul comme au premier jour
Ebouriffé d'anxieuse allégresse !
Pau, 21 dec 2014
Guy KARL, tous droits réservés